Login

C’est son avis « Enfin une vision partagée sur la ressource en eau »

Pascale Puibasset, présidente de l’association Vie, eau, Tescou (Avet), dans le Tarn, fait partie du groupe de travail qui élabore le projet de territoire du bassin du Tescou, où devait être créée la retenue d’eau de Sivens. Une charte vient d’être signée.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Admettre la réalité

« Le travail de concertation pour rédiger la charte préalable au projet de territoire du bassin-versant du Tescou, signée le 21 décembre, et les trente-quatre mesures qui en découlent, a été énorme.

Représentants des services de l’État, de la Région, des départements du Tarn et du Tarn-et-Garonne, des communes, des syndicats agricoles et des chambres d’agriculture, de l’agence de l’eau, des associations de riverains, d’agriculteurs et de militants écologistes se sont réunis trente fois en 2017 ! Cent cinquante heures d’échanges au total, qui auront permis une reconnaissance de la réalité du territoire, qui n’est pas celle qui a été véhiculée par la plupart des médias durant l’occupation du site de Sivens par les zadistes. Les besoins en eau de la vallée sont désormais avérés, mais aussi le fait que les fermes soient familiales, de petite taille et en polyculture élevage. Finies, les immenses exploitations en monoculture de maïs, comme cela avait été si souvent et dramatiquement raconté

Un projet multidimensionnel

Tous les participants ont signé la charte, y compris les représentants des associations écologistes. Tous ont donc une vision partagée de la situation actuelle. C’est une belle avancée. Même si la problématique eau demeure le cœur du projet de territoire, celui-ci a une portée plus large et développera un grand nombre d’actions multisectorielles. En termes de besoins en eau, doivent être considérés ceux du ruisseau Tescou qui doit être réalimenté l’été, ceux de la faune et de la flore, mais aussi la salubrité et la sécurité publiques (assainissement, inondation, réserve incendie, sécurité alimentaire, eau potable), les projets de développement de productions (semences, maraîchage) et de création d’outils collectifs (légumerie, Cuma, renforcement des circuits locaux). Les besoins en eau des agriculteurs installés sur les coteaux, comme ceux du fond de la vallée, devront être pris en compte. Il faudra étudier différentes réponses (retenues collinaires existantes ou à créer en tête de bassin). Nous avons jusqu’à juin pour rédiger le projet final.

Une vraie prise de conscience

Le souci, aujourd’hui, est que ces procédures sont longues. Or, il y a une véritable urgence à créer des réserves en eau. Paradoxalement, les éléments jouent en notre faveur. La sécheresse de l’été dernier a entraîné des restrictions dans la région toulousaine, et les citadins, de plus en plus nombreux, commencent à prendre conscience de la situation .

Les choses évoluent. Le département de la Haute-Garonne a d’ores et déjà annoncé qu’il allait créer ou renforcer des réserves. Espérons que les autres suivront. Dans les nombreux colloques récemment organisés, signe d’une certaine « agitation » sur le sujet, on sent que la question du stockage de l’eau devient de plus en plus une « urgence déclarée ». Sauf pour certains dogmatiques, qui tout en continuant à tourner leurs robinets et à arroser leur jardin à l’eau potable, oublient que derrière, coule une rivière et se cache un espace de stockage.

Propos recueillis par Florence Jacquemoud

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement